Lorsque l’art se met au service de la solidarité, des miracles peuvent se produire. Youssef Douib, artiste-peintre, en est la preuve vivante avec son initiative caritative au Musée d’art contemporain de Rabat, qui a permis de collecter 6,6 millions de dirhams en faveur des victimes du séisme d’Al-Haouz.
Comment est née l’idée de cette vente caritative au Musée d’art contemporain de Rabat ?
Cette initiative est le résultat d’une collaboration entre trois professionnels de l’art, dont moi-même en tant que galeriste et artiste. Tout a débuté par une discussion profonde avec Youssef Chaoui de la Galerie 38, juste après le séisme du 8 septembre 2023. Nous étions persuadés que pour avoir un impact réel, l’union de toutes les galeries d’art était essentielle. Grâce à leur soutien, des artistes renommés ont offert des œuvres majeures. Nous avons ainsi formé un groupe dynamique, avec la participation de l’Atelier 21 et d’autres galeries. Il est important de noter que cette initiative est purement bénévole; aucune partie prenante n’a perçu le moindre dirham.
Quels ont été les plus grands défis rencontrés lors de l’organisation de cet événement et comment avez-vous collaboré avec les différents acteurs pour les surmonter ?
Sur les 119 œuvres rassemblées, la création d’un catalogue élégant a été une tâche ardue mais enrichissante, mais il faut dire que la logistique a été un défi majeur. Le transport spécialisé a assuré la sécurité des 119 œuvres, qui sont des pièces fragiles. Ensuite, une fois sur place, la mise en scène nécessitait une coordination méticuleuse pour l’éclairage et le placement. La gestion des ventes, des enchères aux transactions, était tout aussi cruciale. Grâce à la collaboration étroite entre artistes, galeries, transporteurs, techniciens et organisateurs, l’événement a été un succès remarquable, démontrant ce que peut accomplir une équipe unie.
Les 6,6 millions de dirhams (MDH) collectés ont surpris beaucoup de monde. Avez-vous des plans pour atteindre l’objectif des 7 MDH ?
La générosité des artistes tels que Mahi Binebine, Hamidi, Mustapha Akrim et tant d’autres a été remarquable. Leurs œuvres, d’une valeur allant de 15 000 à 350 000 dirhams, ont contribué à cette collecte impressionnante. Actuellement, avec encore 20 œuvres invendues en attente, nous restons optimistes quant à l’atteinte de notre objectif de 7 MDH.
Comment vous assurerez-vous que les fonds collectés bénéficieront directement aux victimes du séisme d’Al Haouz ?
Les fonds seront intégralement versés au Fonds 126 “Fonds spécial de gestion des effets du tremblement de terre”. Toutes les transactions financières sont clairement indiquées pour garantir la transparence. Afin d’assurer une gestion optimale et de répondre rapidement aux besoins urgents, nous avons décidé de centraliser les fonds auprès de l’État.
Face à la solidarité remarquable observée lors de cette vente, quelle est votre vision de l’avenir de l’art marocain en tant qu’outil de solidarité nationale ?
L’art joue un rôle crucial dans la construction de notre identité nationale. Il instaure un sentiment d’appartenance, qui à son tour renforce la solidarité. Notre vente en est la preuve vivante. Ce n’est d’ailleurs pas notre première initiative caritative. Cependant, cette vente a été la plus significative en termes de fonds collectés. Je n’ai jamais vu autant d’engagement et de communion dans le milieu de l’art. Cela pave la voie à une meilleure structuration de notre secteur et renforce notre cohésion en tant que communauté artistique.
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