Ce hommage aurait dû m’être rendu depuis longtemps, mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais. » C’est sur un ton mêlant curieusement joie et amertume que Hamid Semlali entame notre échange, en ce bel après-midi printanier dans les locaux de l’Institut français de Meknès.
La veille, celui que l’on a qualifié de « précurseur » du cinéma d’animation au Maroc – rien que cela ! – a été honoré lors de la cérémonie d’ouverture du 22e Festival international de cinéma d’animation de Meknès. Une reconnaissance qui vient à point nommé pour saluer, ne serait-ce que symboliquement, la carrière exceptionnelle d’un homme qui a investi son énergie, ses ressources et de nombreuses années dans sa passion pour le cinéma d’animation, à une époque où cet art était quasiment inexistant au Royaume. Né à Kenitra en 1950, Hamid Semlali a découvert l’univers de l’art dès son enfance, réalisant des portraits de sa famille et de ses amis, sans envisager d’en faire son métier à l’époque.
Initialement destiné à devenir enseignant en philosophie, son parcours a pris un tournant différent. Influencé par son engagement familial à gauche, Hamid Semlali n’a pas réussi à obtenir son baccalauréat en raison de son implication dans la mouvance étudiante. Cependant, il a poursuivi ses études d’art à Bagdad, où il a finalement décroché son diplôme avant de revenir au Maroc pour s’inscrire à la Faculté des Lettres.
Malgré son ambition d’enseigner la philosophie, les circonstances l’ont dirigé vers le domaine artistique. En parallèle de ses cours, Hamid Semlali a exploré le cinéma d’animation dès le début des années 1980, réalisant son premier film « Didi la poule » en 1984, une œuvre humoristique sur les rêves d’un enfant. Ce film a été sélectionné au Festival national du film de Casablanca la même année. Son désir de créer ne s’est jamais estompé, et il a continué avec d’autres films d’animation comme « Bobo le sauveur » en 1988 et « Bobo et le fromage » en 1990.
Guidé par sa passion, Hamid Semlali a été sélectionné par l’UNICEF pour une formation au prestigieux studio Kratki Film à Prague, où il a perfectionné son art. Après avoir fondé l’atelier Al Ain pour la production cinématographique, il a enrichi sa filmographie de plusieurs œuvres, dont « L’Oiseau de l’Atlas » en 2000, une réalisation qui a marqué son parcours malgré ses déceptions quant à sa reconnaissance.
En parallèle, Hamid Semlali s’est également distingué dans le domaine des livres pour enfants au Maroc, illustrant les œuvres d’auteurs renommés et écrivant lui-même pour les jeunes lecteurs. Avec près de soixante livres à son actif, il a marqué la scène artistique marocaine d’une manière unique.
Aujourd’hui, bien que son passé artistique semble lointain, Hamid Semlali trouve encore difficile de regarder en arrière. Il espère que le paysage artistique marocain reconnaîtra davantage ses contributions et reste optimiste quant à l’avenir du cinéma d’animation au Maroc. « Les jeunes que je vois ici, au festival de Meknès, disposent de toutes les ressources techniques nécessaires, mais la volonté reste primordiale. Avec une volonté affirmée, le Maroc peut devenir la référence du cinéma d’animation en Afrique », conclut-il.